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Les fusillés

Ma poésie s'est abîmée dans une mer de mots,
Ma poésie s'est alignée dos à un mur de maux,
Mon amnésie n'est pas ronde comme un zéro,
Mais fusillez, les tombes ne sont pas celles des héros.

Mes vers ne seront pas des martyrs,
Ma terre ne sera pas un empire,
L'air que je respire ne lit pas l'avenir,
L'équerre n'a d'angle que la page cornée d'un livre.

Je n'écris plus.
Toute seule elle se libère la rue.
Je ne crie plus.
Tout seul il se délivre ce rêve traité d'intrus.

J'aime encore, même les voies sans issues.
Je marche encore avec ce bataillon de futurs vaincus,
C'est plus fort que moi, j'aime parfois à mon insu,
Jusqu'à la mort, jusqu'au bout de la péninsule,
Des chants s'échappant des monticules,
Nous ne rendons pas les armes, on s'assoit juste avec le crépuscule.
  • Plafond

    Les ampoules nues pointent leur filament à la gorge de la pudeur, Et à leur firmament, les pendus déshabillent le ciel avec stupeur.

    Lucidité

    La ville est lucide,L’avenir est cupide, Les hommes sont limpides, Le monde a des rides, Ses fossettes sont arides, Et mon verre est vide.