Découvert complètement par hasard, ce groupe de punk japonais - pas encore super connu mais pas complètement inconnu non plus - m'a définitivement bluffé sur ce live.
Les quatre musiciennes d'Otoboke Beaver, en plus d'avoir une attitude punk, m'ont subjugué par la construction de leurs chansons. C'est court, puissant, souriant, insolent et énervé à la fois.
Mais surtout, rythmiquement, c'est hyper riche, bourré de ruptures, de changements, et le tout est calé à la perfection. Les interactions entre chaque membre du groupe sont milimitrées.
Le punk est souvent décrit comme une musique basique, sans beaucoup de maîtrise technique, ne nécessitant pas beaucoup de travail juste beaucoup d'inconvenance et d'énergie. C'est parfois vrai, souvent faux. Et surtout ici, ça ne perd ni en spontaniété ni en liberté. Sauvage et carré, noisy et pro, bordélique et maîtrisé.
Je ne sais pas ce que je foutais au mois de mars 2021. Enfin, si, je sais, et justement j'aurais été bien inspiré de faire autre chose, notamment de tomber sur ce morceau que je ne découvre qu'aujourd'hui. Si je n'avais pas deux ans de retard, c'est évidemment sur l'Abcdr que j'en aurais parlé. M'enfin, bon, ainsi soit-il.
Comme quasi toujours entouré de Kremlin et Juke au son, Nivek fait ce qu'il sait faire, et toujours bien : des sons rétrospectifs, qui sonnent à la fois solitaires et solidaires. Le phrasé du Corpopétrussiens a toujours été propice à ces morceaux qui se souviennent de moments et trajectoires de vies, banales aussi bien dans le partage que dans le tragique. Pour paraphraser un de ces précédents titres, Nivek a toujours su se placer comme le "mec à part", dans sa voix et avec son côté solitaire qui réfléchit et se remémore à voix haute. S'il a tenté des choses plus aériennes et "modernes" lors de V avec Juke, le rappeur de St Pierre des Corps (maintenant vous savez ce qu'est un Corpopétrussien) rappe la rue en n'y oubliant jamais une part d'enfance, et toutes les histoires de quartier des petits et des grands, dans un beau mélange entre tensions et partage.
J'en profite pour placer une courte sélection de titres de Nivek que j'affectionne ci-dessous, pour ceux qui voudraient le découvrir un peu plus :
En rentrant d'une mission matinale au bord d'une des veines qui irrigue la ville, j'ai fait un détour et suis tombé sur les superbes photographies de Tamara Dean, exposées dans un cadre où les jardins à la Lenôtre côtoient des sentiers un peu plus champêtres.
Je n'avais que mon téléphone sur moi, avec son écran fissuré et son capteur un peu pourri.
Prendre des photos en photo, j'ai toujours trouvé ça stupide.
Je l'ai quand même fait.
Comme un reproche, un hélicoptère de la gendarmerie bourdonnait au-dessus de ma tête.
Le papier brillant des tirages m'a laissé voir mon reflet, flou, trouble, indéfini. Une ombre qui n'avait rien à faire sur l'image.
Ça ne ressemblait à rien.
Alors quitte à être là, sur l'image, je me suis décalé d'un pas, j'ai fléchi un genou. Pour être dans l'image.
Et ça n'a aucun sens.
Au point qu'une amie m'a dit qu'elle ne me reconnaissait pas.
Que ces photos ne paraissaient pas être de moi.
Elle a raison.
Elles sont de Tamara Dean.
Moi je n'ai fait qu'être là.
Prendre des photos en photo c'est vraiment stupide.
Alors on fera comme si j'étais pas là.
Les photos de Tamara Dean sont visibles au Domaine National de Saint-Cloud jusqu'au 20 octobre, et également dans cet article qui lui est consacré.
Pour HipHopDx, Murs explique en quoi il considère les Beastie Boys comme le plus grand groupe de hip-hop de tous les temps. Pas le meilleur, pas son favori, non, bel et bien le plus grand.
We’re talking about objective achievements, consistency, quality and overall impact on the game
Il y a eu énormément d'analyses sur les Beastie, j'y ai moi-même modestement contribué (notamment ici). Mais je me rends compte qu'il y en a peu qui rendent justice au groupe en posant honnêtement les choses comme le fait Murs dans cette vidéo.Et que ce soit lui qui le fasse rend le tout encore plus légitime et percutant.
En cherchant une retranscription des paroles du titre "Doin' Time" de Sublime, j'ai découvert que l'histoire récente attribuait cette chanson de mes été adolescents à Lana Del Rey. Je n'étais pas du tout au courant de cette reprise de l'un des plus beaux morceaux du regretté Bradley Nowell et sa bande. La chanteuse m'a surpris, tant par son respect de la version originale que le côté hypnotique qu'elle y insère, notamment à travers une voix très finement traitée (une reverb à la douceur inégalée) et les nappes d'arrangements synthétiques très finement placées. Quant au clip, c'est le genre de démenti à ce que je radote sans cesse : ne pas découvrir une chanson avec des images.
À certaines périodes de ma vie, je me colle devant un jeu-vidéo. Cela me permet généralement de passer moins de temps dehors, et donc à ne pas céder à certains démons. Ces dernières semaines, j'ai fait simple puisque je me suis branché sur la simulation de football que tout le monde connaît. De ce genre de jeux, je n'attends pas grand chose du sound design, et encore moins d'une B.O. J'ai néanmoins été extrêmement surpris par le soin que l'éditeur a accordé à la bande-son de son produit. J'ai cru comprendre que le pari était de fournir une playlist touchant à tous les genres et allant chercher des artistes du maximum de pays, sachant qu'une des choses formidables dans le football, c'est que malgré la bêtise de certaines et les saloperies du business, il reste universel, et que pour n'importe quel curieux, c'est un fabuleux moyen de faire le tour du monde.
Parmi tous les sons, un m'a absolument fasciné dès la première écoute. Je n'ai d'abord pas su ses auteurs (le jeu n'indique pas les titres diffusés). J'ai néanmoins retrouvé dans cette musique quelque chose des Sud Africains de Die Antwood. Même pop à l'irrévérence punk matinée de musique électronique et de hip-hop. Même type de voix mi-enfantine, mi-possédée, à l'insolence certaine.
À force de tomber sur cette chanson et d'être à chaque fois aussi fasciné que si c'était la première, j'ai fait des recherches. Visiblement, je n'étais pas le premier si j'en crois le nombre de personnes sur internet qui se sont posées la même question que moi et la vitesse à laquelle j'ai obtenu ma réponse. Le titre s'appelle "Demon", pas tout à fait ceux que je fuis devant une console (quoi que, avec un peu de métaphores et d'allégories, pourquoi pas). Et mes intuitions n'étaient pas si mauvaises. Moonchild Sanelly est une artiste sud-africaine, comme les Die Antwood... avec lesquels elle a d'ailleurs tournée ! La chanson est réalisée en collaboration avec les Anglais de Sad Night Dynamite. Eux, c'est beaucoup moins ma came, mais avec Moonchild Sanelly, c'est franchement imparable.
Alors que je me noie langoureusement dans le shoegazing de Mazzy Star et de tous les groupes associés à Hope Sandoval, je découvre cette reprise du seul "hit" du duo. Elle est signée par la géniale Valerie June (dont un album est en approche). Sa version est un peu plus organique et souriante que l'originale, mais elle préserve cette torpeur doucement vénéneuse mise en musique par le duo formé de David Roback et Hope Sandoval. Un son qui amènera toujours ailleurs lorsqu'il est entre de bonnes mains. Aux frontières du cosmique comme le dit Jazz Radio.
Audrey Meffray se fait appeler Radi0 Silence. Sa photographie est colorée et faite de lignes. S'y dessinent des instants décrits comme "suspendus". La photographe dit qu'elle "s'attache à faire de la photographie contemplative." Elle y ajoute un slogan : "shooting nothing but with feeling". L'humain est souvent tenu à l'écart, mais personnellement, ce que j'aime, c'est qu'on sent sa présence, que ce soit à travers des constructions, des lieux, des aménagements, ou simplement des façons de se mouvoir. Le résultat est à la fois éthéré et lumineux, sobre et joyeux, coloré mais fin. Le site web de Radi0 Silence a récemment été mis à jour et il est à voir en plus d'être agréable à parcourir ; https://radi0silence.com/ .
À côté de ça, Audrey Meffray est une artiste du couteau papillon. Un maniement impressionnant, rigoureux et discipliné, à suivre sur son autre compte Instagram consacré au sujet : drey.papillon.
Alors que je m'extasiais sur ce remix du titre "Hands on the pump" par DJ Muggs (et que je qualifiais celui de "How I Could Just Kill A Man" par Alchemist et Beat Butcha de parfaitement approprié pour une adaptation hippie de Temple of booms), je suis tombé de fil en aiguille sur ce merveilleux mix. Il retrace les meilleurs moments du début du Soul Assassins. Et la chaîne de l'auteur, Militant Vinylist, regorge de jolies choses, notamment d'un mix consacré à la production des Beatnuts.
Racorps est un photographe qui travaille autour du corps. Ce n'est pas toujours puissant, mais quand ça l'est, ça l'est fortement. Quand ça ne l'est pas, ça reste délicat et atmosphérique. Un sentiment de confiance délicate et de calme retrouvailles avec soi-même émane de chacune de ses photos. Sans avoir l'air d'instantanés, ses images laissent une sensation de temps suspendu. Et n'est-ce pas la définition d'un instantané finalement que de suspendre le temps ? Pour des photos posées (ou en tous cas, pas "volées"), c'est fort.
Ces derniers mois, j'ai eu le temps de m'exercer moi-même à l'auto-portrait. Et même si je n'en publie pas - ou très parcimonieusement - le travail, je réalise à chaque cliché à quel point cet exercice m'amène à me regarder différemment et en quoi sa motivation première cache parfois des expressions bien plus profondes. Pourtant quand je fais de l'auto-portrait c'est parfois cruel et souvent ça ressemble à une impasse. Mais je m'étonne toujours de trouver une porte dans laquelle m'engouffrer et où je finis par m'exprimer. Comme je me prends moi-même en photo, c'est un peu (beaucoup) plus lâche que poser devant l'appareil de quelqu'un puisque je garde l'entière maîtrise, celle de mon propre regard. Mais ça me rappelle qu'il faudra qu'un jour et à défaut d'en dévoiler les photos, j'écrive sur ce que cet exercice m'a moi aussi apporté dans mon rapport à mon corps.
Enfin, j'ai toujours admiré ces photographes qui construisent une identité, savent garder une ligne directrice, plutôt que de multiplier les exercices de style pour montrer leur polyvalence et leur adaptabilité. Pendant que j'ai tendance à tomber dans la seconde catégorie ces derniers mois, Racorps est de la première : celle qui sait mettre tout le monde d'accord en restant tendrement clair.
J'ai beaucoup d'admiration pour Evidence. Le rappeur et producteur évidemment. L'humain que je ne connais pas personnellement mais qui m'a soufflé sur scène que c'était un rappeur singulier comme le monde en manque cruellement en ce moment. Et puis il y a le Evidence photographe. À l'occasion de la naissance de son label, Evidence distribue (ou plutôt distribuait, puisque tout s'est vendu) certaines de ses photos. Elles collent parfaitement à sa musique. Probablement logique tant la photographie a toujours eu une place particulière dans sa vie, que ce soit à travers sa mère, certains allusions discographiques, ou encore la réalisation de ses clips. La série s'appelle "Underexposed" est à admirer en écoutant Unlearning sur le site de Big Pictures Recording.
C'est le plus beau truc que j'ai écouté ces 18 derniers mois, Evidence mis à part.
Une petite interview avec Lara Chedraoui qui explique (très) rapidement la place et l'atmosphère autour de ce concert... Le côté protocolaire est d'un autre monde, mais la performance est intemporelle !
Gros coup de cœur pour ce titre du duo français Vicious Steel. Un blues poisseux aux accents de chanson française dépouillée. La version studio est disponible sur toutes les affreuses plateformes de streaming.
Je n'ai plus aucun souvenir de comment je suis tombé sur cette chanson - peut-être en faisant des recherches sur The Fugees ? - mais ce titre est un très beau blues moderne aux vieilles racines. La nonchalance de Valerie June y est pour beaucoup.
La famille de Chris Cornell a dévoilé une reprise réalisée par ce dernier, peu avant sa mort. Il s'agit d'une adaptation de "Patience", titre de Guns N' Roses, publié en 1989 sur la face acoustique de l'EP Lies. Et c'est très beau.
Géniale interview de Mike Muir par le site Radio Metal, sur laquelle je suis tombée avec deux ans de retard en découvrant qu'était sorti un très bon album de Suicidal en 2016 (et probablement l'un des disques que j'ai du coup le plus écouté en 2018) : World Gone Mad.
Petite archive fournie par Kerrang qui rappelle qu'après le 11/09/2001, il n'y avait pas que l'Afghanistan et l'Irak qui étaient envahis. Une vague de censure avait en effet eu lieu aux USA, notamment via la fameuse (et folklorique) liste de chanson "qu'il serait préférable de ne pas diffuser" sur les radios du groupe Clear Channel. Dans ce memo, Rage Against the Machine n'avait qu'une ligne qui lui était consacré. Elle disait : "All songs." Au même moment, dépassé par son forum, l'hébergeur internet du groupe obtempère à la demande de la CIA.
Petit article bien documenté sur la chanson qui a lancé la carrière de Madonna. "Like a Virgin" est écrite par deux hommes qui proposent leur texte et composition aux maisons de disques. Madonna s'approprie la chanson, la transforme et la défendra bec et ongle, sous les arrangements musicaux de Nile Rodgers du groupe Chic.